Le patrimoine artistique de l’église du Monastère

Le temple du Monastère de Sant Cugat conserve différents éléments artistiques et culturels de différentes périodes de sa longue histoire, dont beaucoup ont une valeur patrimoniale d’un grand intérêt. Ci-dessous, nous avons fait une sélection.

Vierge de la forêt

Vierge de la forêt

Image romane, probablement du XIIe siècle, située dans l’abside gauche ou de Sainte Marie. Elle provient de l’ermitage de Sainte Marie de Gausac, ancienne propriété du Monastère situé à Collserola. Au début du XXe siècle, l’ancienne image de la Vierge Marie du Monastère …

romane, est vendue avec d’autres antiquités pour pouvoir financer les travaux de restauration du temple. Dans les années 40, celle-ci est remplacée par une autre sculpture romane provenant de la chapelle de Sainte Marie de Gausac ou de la Fôret, située dans les montagnes de Collserola et déjà désaffectée de culte.
La vierge apparaît couronnée et assise sur un trône bas, posant ses pieds sur un tabouret ; tenant un fruit avec sa main droite (Marie comme une nouvelle Ève) et protégeant avec sa gauche l’enfant qui est assis sur ses genoux, légèrement déplacé vers la gauche. Au moment de son introduction dans le temple, il subit une restauration bien intentionnée, mais excessive.
Joan Amades recueille une légende selon laquelle cette image fut miraculeusement trouvée dans la forêt par un bœuf, comme tant d’autres vierges dans toute l’Europe.

Retable de Tous les Saints-Monastère de Sant Cugat

Retable de Tous les Saints

Actuellement situé dans l’abside sud de l’église, il s’agit d’un retable gothique, œuvre de l’atelier de Pere Serra, réalisé vers 1400. La dénomination de Tous les saints est liée à l’ordre bénédictin et à sa prière pour les défunts. La table centrale est dédiée à la Vierge du Rosaire.

Le retable gothique de Tous les Saints a été attribué de façon stylistique à l’atelier de Pere Serra. Cette œuvre date de la fin du XIVe siècle, appartenant à la tradition italienne, dans le courant du gothique international. Formellement, il est composé de trois sections séparées par quatre montants où certains saints ont été représentés de manière isolée. La partie supérieure comprend trois scènes dans des plafonniers brisés, dorés et avec des pinacles floraux, tandis que la partie inférieure est une prédelle montrant le Christ lacéré, déjà descendu de la croix.
Le panneau central, qui occupe l’espace de trois scènes, est dédié à la Vierge du Rosaire avec l’Enfant Jésus sur ses genoux. À ses pieds nous pouvons voir un petit moine en attitude de vénération, qui représente le donateur. Au-dessus, l’image du Calvaire, avec Saint Jean et les saintes femmes. Des deux côtés, nous trouvons un panneau avec des anges dirigés par le guerrier Saint Michel.

Les côtés sont organisés en trois scènes qui se chevauchent. De haut en bas, les patriarches et prophètes de l’Ancien Testament, où se distinguent facilement Moïse, le roi David et Saint Jean-Baptiste. En dessous, l’Église triomphante, les croyants en Jésus-Christ qui sont morts dans une sainteté reconnue, dirigés par Saint Pierre comme premier pape. Au niveau inférieur, l’on trouve les femmes, les vierges portant des couronnes et les martyrs avec des palmes. En face, Sainte Anne, mère de la Vierge Marie. À la base du retable, la prédelle, où les personnages sont représentés à mi-corps : Marie et Saint Jean à côté du Christ lacéré ; Saint Benoît, fondateur de l’ordre monastique ; sa sœur Scholastique ; Sainte Marguerite et Sainte Catherine, et aux extrémités, Saint Pierre et Saint Paul.
Au sommet des montants se trouve un petit blason qui appartient à la famille Oliba, des marchands de Barcelone qui ont leur propre tombeau dans le Cloître de la cathédrale. Le moine donateur en était probablement membre.

Chapelles baroques

À la fin du XVIIe siècle et début du XVIIIe siècle, une modification majeure est effectuée dans la quatrième nef de l’église, qui jusqu’à ce moment-là était continue. Celle-ci est divisée en trois chapelles baroques séparées par des sacristies étroites. Sa conception implique la construction de nouvelles voûtes, à environ deux mètres plus bas que les gothiques d’origine. Pour éviter les surcharges, elles sont construites à la façon catalane, avec une triple feuille de tuile. Il faut ajouter à ces voûtes la réforme de la chapelle qui se trouve sous l’orgue.

chapelles baroques

Chapelle de la Piété

La chapelle est construite à l’intérieur de l’espace du clocher. Initialement dédiée à Saint Jean Baptiste, au XVIe siècle, elle est divisée en deux parties en hauteur pour placer l’orgue au sommet. En 1706, elle est réformée et dédiée à la Vierge de la Piété. L’installation de l’orgue force la construction d’une voûte intermédiaire là où il y avait eu auparavant un espace unique de grande hauteur.

Le nouveau dévouement de la chapelle inférieure à la Piété donne lieu à une décoration funéraire de sgraffites blancs sur fond noir, avec des feuillages tordus au milieu desquels se trouve la représentation du phénix, symbole de la résurrection, qui picore les raisins, symbole de l’eucharistie.

En 1706, un nouveau retable est commandé au sculpteur local Josep Sala Gener, qui avait appris le métier de son beau-père, Francesc Santacruz. Le retable est présidé par un groupe sculptural formé par la figure de la Vierge Marie, rigoureusement vêtue de noir, avec le Christ, son fils mort sur ses genoux, qui est une évocation de la Mère-Église et des fidèles défunts (fils de Dieu). C’est pour ces raisons que l’on a considéré qu’elle devait remplir les fonctions de chapelle funéraire du Monastère. Les architectures latérales sont formées par des paires de colonnes salomoniques. Sa rotation créée un mouvement ascendant qui permet de concentrer le regard sur l’image. Entre les colonnes, un ange vêtu en ancien guerrier tient une bougie. Au-dessus de l’entablement se trouve une petite figure de Saint Jean, touchant presque la voûte.
Actuellement, la chapelle abrite la réserve du Saint-Sacrement. Le revêtement était carrelé, avec des carreaux décorés à la lueur des bougies, mais en raison de son mauvais état il fut réformé en 2000 et remplacé par un carrelage neutre en marbre blanc. Devant se trouve la pierre tombale de la famille Almendro.

Chapelles baroques

Chapelle de Saint Barthélemy

Cette chapelle, qui met en valeur l’élaboration du retable du maître Francesc Santacruz et l’image picturale de Saint Barthélemy réalisée par le maître Miquel March, est l’un des espaces baroques les plus importants du Monastère: nous y retrouvons des éléments propres de ce style, tels que son architecture surchargée, avec les colonnes salomoniques comme élément principal.

Il existe plusieurs traditions au sujet des lieux évangélisés par ce saint, mais la plus connue est sa prédication en Arménie, où il aurait converti la sœur du roi, qui, en punition, ordonna de lui arracher la peau de son vivant.

Cette légende semble être la christianisation du mythe classique d’Apollon et du berger Marsyas et il s’agit justement de l’épisode que représente la peinture centrale du grand retable qu’abrite la chapelle. L’élaboration de cette œuvre commence en 1672, commandée par le maître Francesc Santacruz, avec la collaboration d’un charpentier local, Josep Gener, dont la fille finira par se marier avec le premier. De style baroque, le retable se compose d’une architecture surchargée qui encadre une seule section centrale, où se trouve la peinture déjà mentionnée du martyre de Saint Barthélemy, œuvre de l’artiste Miquel March originaire de Valence, qui fut peut-être inspiré par la peinture du martyre de Saint Philippe, de Josep de Ribera.

Sur la base inférieure du retable, nous trouvons deux dés avec deux colonnes salomoniques, qui encadrent la peinture centrale. Sur les côtés, deux soffites sculptés avec des figures de saints, qui aident à souligner la puissance de ces colonnes et de l’entablement supérieur. Dans la partie supérieure se trouve une seule niche avec une sculpture de Saint Herménégilde.
La partie inférieure du mur de la chapelle est recouverte d’un seuil en céramique polychrome, dont nous remarquons particulièrement les deux soffites portant le blason du Monastère, une tour couronnée de la crosse et de la mitre de l’abbé, et une couronne impériale depuis laquelle descendent deux rubans portant la légende « Octaviani Caesaris Augusti Castrum ».

Le pilier en pierre de conglomérat sur lequel repose une image de la Vierge de Montserrat, œuvre de l’artiste Amat, vient de cette montagne emblématique.

Chapelles baroques

Chapelle de Saint Benoît

Cette chapelle est située au centre de la quatrième nef du temple, séparée des deux chapelles voisines par des sacristies étroites. En 1221, l’on fait déjà référence à un autel dédié à Saint Benoît, fondateur de l’ordre monastique de Sant Cugat. La chapelle, richement décorée, est l’un des plus beaux exemples du baroque catalan.

En 1775, Francesc Santacruz travaillait déjà sur l’ornementation du dôme de la chapelle de Saint Benoît, créant les médaillons qui par la suite seront peints par Pasqual Savall puis par Josep Laiga, après le décès du premier. La dorure est confiée au Père Pau Vinyals, considéré comme le meilleur maître de l’époque. Le retable proprement dit n’est commandé qu’en 1688, et, semble-t-il, financé par la famille Erill, seigneurs de la Tour Noire.

La structure architecturale de ce retable baroque se compose de trois sections, deux étages sur prédelle et attique supérieur. Les panneaux qui en résultent contiennent six toiles peintes à l’huile, dédiées aux réformateurs de l’ordre bénédictin (Saints Guillermo, Joan Gualbert, Silvestre, Romuald, Robert et Pere Celestí).

Dans l’espace principal du retable se trouve une niche qui abrite une sculpture de Saint Benoît trop petite, l’original ayant disparu en 1936.
Les éléments de séparation verticaux sont des figures volumétriques d’anges portant des bougies dans la partie inférieure et des musiciens dans la partie supérieure. Au-dessus de leurs têtes se trouvent les blasons des ordres militaires qui suivent la règle bénédictine.
Il existe une fausse tradition qui dit que le retable fut financé par Philippe II en 1585, et une raison historique explique cette confusion : l’intention de relier la chapelle à la monarchie, de façon à pouvoir placer sur l’arcade d’accès les portraits des monarques de la Maison d’Autriche qui régnaient avant 1700 (Charles I, Jean d’Autriche, Philippe II, Philippe III et Philippe IV).

Sur les montants sont également représentés des aigles à deux têtes, tenant et protégeant le blason ovale du Monastère. La guerre interrompt les travaux et en 1734, l’on demande à Pere Ruiz et au peintre Joan Grau de l’achever. Le changement dynastique motive que, sous le règne de Philippe V, deux lions soient ajoutés au-dessus de la corniche extérieure, symbole de la maison Bourbon, dans la même attitude protectrice envers le Monastère. Le tympan contient une fresque représentant le moment de la mort de Saint Benoît, sous laquelle se trouve un grand blason du Monastère.

Légende du Coq de la Girouette

Dans la Chapelle de Saint Benoît est préservée l’une des pièces artistiques les plus emblématiques du Monastère. Il s’agit d’une girouette médiévale en métal en forme de coq. À l’origine, celle-ci se trouvait à son emplacement habituel, au-dessus du dôme, mais elle est aujourd’hui conservée dans la chapelle pour rappeler …

ce qu’explique la légende du Monastère selon laquelle ce coq chanta au moment du meurtre de l’abbé Biure, la nuit de Noël de 1350.
Dans la Chapelle de Saint Benoît se trouve un objet ancien, d’origine médiévale : la girouette du dôme. Il s’agit d’une pièce volumétrique qui représente la figure d’un coq, en fer et en cuivre battu. Après l’exclaustration et le désamortissement monastique, l’église menant déjà ses fonctions de paroisse, cette girouette est retirée de son emplacement d’origine et remplacée par une autre, une simple planche découpée.

Le conflit entre l’héritier Saltells et l’abbé Biure est très complexe, mais pour simplifier, nous dirons que Raimon de Saltells, un vieux et veuf chevalier, se réfugie au Monastère de Sant Cugat et dans ces moments de peste et de guerre, ne sachant pas si son fils Berenguer était vivant ou mort, il laisse son héritage au Monastère, à l’exception d’une réserve de 10 000 sols au cas où le fils reviendrait. Mais Berenguer était vivant et, après son retour, il réclama la totalité de l’héritage. L’affaire est arbitrée par l’avocat Pere de Su Rovira, de Barcelone, qui détermine que, conformément à la loi, les moines doivent lui verser 48 730 sols dans un délai de six mois. Une fois ce délai terminé, Berenguer de Saltells n’avait toujours pas reçu l’argent et, la nuit de Noël de 1350, lui et cinq compagnons entrèrent dans l’église et tuèrent l’abbé Biure. La légende raconte que le coq, horrifié, chanta et se fit entendre jusqu’aux monastères de Sant Llorenç del Montón et de Montserrat. Le roi Pierre III accorda aux assassins un mois pour se présenter volontairement devant le viguier de Barcelone, ce qui n’arriva évidemment pas. Ils profitèrent de ce temps pour fuir en France et se réfugier sous la protection du comte de Foix.

Chapelles baroques

Chapelle de Sainte Scholastique

Sœur de Saint Benoît de Núrsia, dès son plus jeune âge, elle se consacre à Dieu et vit dans un monastère proche de celui de son frère. Elle est considérée comme la fondatrice de la branche féminine de l’ordre bénédictin. Le culte à Sainte Scholastique est documenté dans le Costumaire du Monastère de 1221. Sa chapelle est la dernière de la quatrième nef, touchant au pied du temple.

Une partie du retable fut mutilée en 1938, la chapelle ayant été transformée en barreau par les députés des avant-dernières cours de la République.

Bien que le retable ne soit pas documenté pour ses caractéristiques stylistiques, il pourrait être l’œuvre du Santacruz, comme les trois autres. Le fond plat de l’espace central, où se trouve la grande peinture de la sainte titulaire, reste encadré par une puissante architecture latérale formée de deux paires de colonnes salomoniques de chaque côté, séparées par une étroite bande où sont gravées trois images en relief.

La coupole de la chapelle est décorée avec des peintures simples sur fond blanc. Dans le tambour de la voûte et dans les coquilles, nous distinguons des niches abritant des images peintes de différentes abbesses de l’ordre, toutes portant des couronnes qui symbolisent leur virginité. Sur des murs latéraux, nous trouvons deux scènes, l’une de la mort de la sainte et l’autre des conversations mystiques avec son frère. Sur le tympan extérieur de la chapelle, une scène d’exaltation de la sainte, similaire à la chapelle voisine de Saint Benoît, de mauvaise qualité artistique. À la place de la clé de l‘arcade d’accès se trouvent deux blasons : le chien des Meca et la botte de la famille Sabater, ce qui indique qu’il s’agit vraisemblablement des mécènes de l’œuvre. Il est important de rappeler que les Sabaters se réfugient au Monastère pendant la Guerre de Succession. La chapelle avait abrité la confrérie du Corpus Christi ou de Minerve, avec sa propre sépulture.

Chapelles baroques

Fonts baptismaux

La chapelle de Sainte Scolastique conserve de beaux fonts baptismaux provenant de la paroisse de Sant Pere d’Octavia. Il s’agit d’une œuvre sculpturale de la Renaissance du XVIe siècle, sans doute réalisée à Gérone. Avec le déclenchement de la Première Guerre carliste, en 1833, l’église paroissiale de Sant Pere d’Octavia fut transformée en caserne et son culte fut transféré …

au Monastère, ainsi qu’une partie de son mobilier liturgique, comme les fonts baptismaux.

Il s’agit d’un élément taillé dans la pierre nummulitique de Gérone, en forme de coupe, avec une base carrée recouverte de feuillage d’où part un fût ayant la même ornementation végétale. La partie supérieure est octogonale et sa face extérieure présente une série de petites niches au relief de saint, séparées par des balustres. Bien entendu, il ne manque pas Saint Pierre, patron de la paroisse, flanqué par Saint Paul et Saint Sébastien, défenseur contre la peste. Les autres personnages sont Saint Roch, pareillement protecteur contre les épidémies de la peste; Sainte Marguerite, portant une coupe avec le dragon qui symbolise le triomphe du bien sur le mal; deux personnages portant la mitre dans une attitude de bénédiction, probablement Saint Benoît, fondateur de l’ordre, et Saint Séverus, supposé martyr à l’Octavianum castrum, et une sainte soutenant une coupe (de parfums ou autres produits), qui pourrait être Sainte Marie-Madeleine.

Retables de la Renaissance

La prospérité économique des paysans de Sant Cugat au XVIe siècle apporte plus de revenus au monastère, ce qui entraine une série d’améliorations à l’intérieur de l’église, telles que l’installation de nouveaux retables de style propre de la Renaissance. Actuellement, nous en conservons deux : le retable de Saint Michel et le retable du Rosaire.

La seconde moitié du XVIe siècle est une période de relative prospérité pour les paysans de la ville, ce qui améliore par conséquent les revenus du monastère, principalement grâce aux prélèvements qui sont calculés en pourcentage sur la récolte. Ainsi, l’on commence une série de travaux pour améliorer l’intérieur de l’église, parmi lesquelles se distinguent deux retables que nous conservons toujours à l’intérieur : le retable de Saint Michel — situé à l’origine dans l’abside droite — et le retable du Rosaire — Originairement dans l’abside gauche. Ces deux œuvres sont de bons exemples des nouvelles formes d’art de cette époque, où les façades de l’architecture religieuse inspirent la distribution des retables, dans lesquels nous trouvons des colonnes, des pilastres ou des frontons.

Retable de Saint Michel-Monastère de Sant Cugat

Retable de Saint Michel

Le mur nord de l’église abrite un retable de la Renaissance dédié à l’archange Saint Michel. Le retable se compose d’une prédelle, de deux étages et d’un attique, divisé en trois sections séparées par des pilastres austères. L’espace central du premier étage est entièrement occupé par une niche qui abrite une sculpture baroque dorée représentant Saint Michel…

et qui remplace l’originale de la Renaissance, sans doute plus grande. Les sculptures de Sant Antoni de Portmany et de Saint Joseph datent des années 40, œuvres de Jaume Duran. Dans l’attique, nous trouvons une peinture de Saint Michel vainquant les anges rebelles, et au-dessus un tympan avec la figure symbolique du Saint-Esprit sous forme de colombe. Les peintures à l’huile sur toile illustrent la vie de Saint Placidus et d’autres saints bénédictins.

Retaule del Rosari_Monestir de Sant Cugat

Retable du Rosaire

Cette œuvre remplace les éléments romans qui jusque-là avaient présidé l’abside gauche ou de Sainte Marie. Nous savons que les travaux de menuiserie commencèrent en 1583. Ses dimensions sont supérieures à celles de Saint Michel et il est divisé en cinq sections, deux étages et un attique. La dédicace de la Vierge Marie du Rosaire devient populaire au XVIe siècle…

sous la direction des dominicains et remplace l’ancienne tradition catalane de la Vierge du Rosaire. Les peintures du soffite font référence aux quinze mystères des trois parties du chapelet. Dans l’attique se trouve la crucifixion, au-dessus de l’ascension, située au centre du deuxième étage. Dans le tympan, nous trouvons le Saint-Esprit.

Le tombeau de l’abbé Odó

Le tombeau de l’abbé Odó

Comme dans tant d’autres églises, à l’intérieur du temple, il existe différents types de sépultures, ayant toutes le désir commun de rester proches des reliques du martyr titulaire. Le tombeau principal et le plus monumental de l’église du Monastère est celui de l’abbé Odó. Odó fut élu abbé du monastère en 985 …

après la mort de l’abbé Joan lors de la razzia de Al-Mansur. D’origine aristocratique, cultivé et bon diplomate, il obtient le précepte du roi Lotari de France, par lequel les propriétés du Monastère sont confirmées et il lui octroie l’immunité ; il s’agit du dernier des privilèges carolingiens accordés en Catalogne. En l’an 1002, il obtient également une bulle papale de Silvestre II, à travers laquelle le Monastère est directement lié à Rome et se détache de l’évêque de Barcelone.

En 998, il est élu évêque de Gérone, position qu’il rend compatible avec celle d’abbé. Dès l’an 1000, il promeut la réforme architecturale du complexe monastique, avec une nouvelle église, une aile du Cloître et le clocher. En même temps, il agrandit et réorganise ses domaines territoriaux. Il meurt à cause des blessures reçues lors de la campagne contre Cordoue (1010). Au XVe siècle, des moines lui dédient un tombeau monumental sur le mur nord du temple où nous pouvons voir la statue gisante d’Odó, avec ses attributs d’abbé : la mitre, la crosse, les gants et la chasuble. L’ensemble, couronné d’un grand gâble gothique, est sans doute la sépulture la plus importante du Monastère.

Le tombeau

Le tombeau de Raimon de Saltells

Sur le mur nord de l’église se trouve le tombeau de la famille Saltells, nobles de Cerdanyola qui seront liés à jamais à l’histoire et à la légende du Monastère. Sur le mur nord de l’église du Monastère, non loin du tombeau de l’abbé Odó, nous trouvons un autre tombeau, moins monumental, mais tout aussi important dans l’histoire de Sant Cugat.

Il s’agit du tombeau-ossuaire du noble Raimon II de Saltells et de sa femme, Jacma de Vall, grands-parents de Berenguer de Saltells, l’homme qui tua l’abbé Biure la nuit de Noël en 1350. L’œuvre, soutenue par un support accroché au mur, est de style gothique et présente deux blasons de cette noble famille de Cerdanyola, dont, au-delà de la légende, nous n’avons trouvé aucune autre trace après 1358.

Patrimoine Artistique de L’Église

Tableaux de la vie de Saint Benoît

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, une série de tableaux sont peints sur la vie de Saint Benoît, destinés à décorer la nouvelle salle capitulaire. Après l’exclaustration, les tableaux sont gardés dans la mansarde du Palais abbatial et finissent par se détériorer. Restaurés à la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Barcelone dans les années 1980…

ils sont remis au Monastère au début du XXIe siècle pour occuper l’espace où nous les contemplons actuellement.

Placés à l’origine dans la nouvelle salle capitulaire du Monastère à la fin du XVIIIe siècle, les tableaux sont finalement conservés dans la mansarde du Palais abbatial suite au désamortissement de 1835, où ils se détériorent sérieusement. En 1982, ils sont transportés à la Faculté des Beaux-Arts et restaurés par les étudiants stagiaires. Une fois cette tâche terminée, les tableaux retournent au Monastère et, faute d’espace, au début du XXIe siècle, ils sont placés au pied de la nef sud de l’église, présentés comme s’il s’agissait d’un retable.

La série de tableaux, peu étudiée, est basée à la fois sur les événements historiques de la vie de Saint Benoît et sur d’autres événements légendaires. Tous les épisodes que nous connaissons de la vie du fondateur de l’ordre bénédictin proviennent de la biographie écrite par le pape Saint Grégoire (540-604), qui est la principale source du programme iconographique.
L’image principale est celle du moment de sa mort, debout et après avoir reçu l’Eucharistie. D’autres scènes représentent l’entretien avec le roi Totila, la rédaction de la règle, le miracle de la coupe empoisonnée qui se brise seule, et la façon dont ses prières font fuir les démons des temples païens. Pour l’instant, l’auteur des œuvres est inconnu.

l'orgue

Orgue

La musique a toujours été un élément essentiel lors des offices liturgiques monastiques et il devait sans doute y avoir un orgue à l’époque. L’orgue actuel est situé sur la bande sud du transept, au-dessus de la Chapelle de la Piété. Le meuble de l’instrument est un bon exemple de sculpture sur bois de la Renaissance. La machinerie qui fait sonner l’orgue…

a subi de multiples réparations et modifications au cours des siècles. La dernière grande intervention sur l’orgue a été réalisée le 3 mars 2000.
Le 29 septembre 1499, les moines signent un contrat avec le maître Ermenter Brocà de Barcelone pour construire un nouvel orgue. Plus tard, en 1523, c’est Miquel Cerdaña qui continue le travail sur l’instrument. Son emplacement dans la nef latérale permet à l’organiste de contrôler le presbytère et le chœur au moyen de deux miroirs stratégiquement disposés, aujourd’hui remplacés par un écran numérique. Une fois installé à cet endroit, l’orgue recouvre la partie supérieure de l’ancienne Chapelle de Saint-Jean, circonstance qui sert à construire un nouveau plancher intermédiaire où sont placés les soufflets qui fournissent de l’air à l’instrument.
Il est important de faire la différence entre le meuble de l’orgue proprement dit et la machine. Le premier est l’élément qui a survécu, tandis que le second a subi de multiples réparations et modifications au cours des siècles. La dernière a été inaugurée en 2000 et elle n’est pas terminée.

Le meuble de l’orgue adopte une structure architecturale en bois à deux étages et semble être l’œuvre du sculpteur sur bois Joan Masiques (1526). La balustrade de la tribune est particulièrement remarquable, richement ornée de reliefs au style de la Renaissance qui représentent les thèmes du nouvel humanisme : bustes burlesques, figures nues avec une remarquable anatomie et mouvement du corps, et figures végétales en complément qui ne laissent aucun espace vide. Le couronnement de l’orgue, également architectural, abrite un blason héraldique qui montre un lion rampant regardant vers la gauche, que l’on ne peut attribuer à aucun personnage spécifique, car il pourrait appartenir à plusieurs familles. Les auvents latéraux sont simplement décoratifs.

Il reste quelques vestiges, un peu cachés, des peintures romanes de l’ancienne chapelle de Saint-Jean dans l’arcade supérieure, maintenant à l’intérieur de la boîte à orgue, et d’autres peintures recouvertes par la balustrade de la tribune.